L'Italien Leonardo Fregoli triomphe sur les
scènes du Trianon et de l'Olympia à Paris dans un numéro de
transformiste.
- 15 janvier 1909
Lancement de la
première revue homosexuelle
française : Akademos
- octobre 1909
Nathalie Clifford Barney, riche lesbienne
américaine ouvre son salon littéraire au 20 rue Jacob à Paris.
::
NAISSANCE DU NOUVEAU SIECLE ET DE LA BELLE EPOQUE.
Avec la naissance du XXème siècle, ce sont les graines semées entre
1870 et 1899 qui vont éclore. La vie artistique et culturelle à Paris,
mais aussi dans certaines villes françaises, va
connaître un développement sans précédent. Paris va devenir la capitale
la plus courue d'Europe. La France est le seul pays européen où
l'homosexualité n'est pas condamnée par la loi. En Angleterre, elle est
encore passible des travaux forcés, en Allemagne et dans l'Empire
autrichien, elle est condamnée à 5 ans de prison. Ecrivains, peintres,
artistes ne vont pas manquer d'exprimer leur sensibilité même
lorsqu'elle est homosexuelle. Néanmoins la société reste
encore
très encadrée par
la religion catholique, et si les artistes peuvent s'exprimer, c'est
encore avec prudence, retenue et au second degré. Quant aux homosexuels
non issus du milieu artistique ou des allées du pouvoir, il vaut mieux
qu'ils ne révèlent pas leur homosexualité, qu'ils se marient et qu'ils
fassent des enfants.
Avec une plus grande visibilité de l'homosexualité, on assiste
parallèlement à une plus grande visibilité de l'homophobie. Certains
journaux satiriques n'hésitent pas à caricaturer les homosexuels sous
des traits très efféminés. Ces caricatures dénoncent l'évolution des
m½urs mais sont souvent destinées à discréditer certains hommes
politiques soupçonnés à tordt ou à raison d'homosexualité. Les dessins
qui paraissent dans "L'assiette au Beurre", "Fantasio", "La Vie
Parisienne", sont souvent cruels et agressifs. A partir de 1907,
l'affaire Eulenburg qui éclabousse l'empereur de Prusse sera exploitée
par les caricaturistes pour associer les allemands aux homosexuels,
procédé vieux comme le monde pour disqualifier son ennemi. La
littérature de l'époque n'est pas en reste. De nombreux romans mettent
en scène des invertis mais toujours pour les ridiculiser, leur
attribuer des rôles de traites, de fourbes, de psychopathes.
L'homosexuel est toujours présenté sous des traits féminins car c'est
la confusion des genres qui pose problème, avant le comportement ou
l'attirance sexuelle.
:: SIGMUND UND MAGNUS.
C'est en Allemagne et en Autriche-Hongrie que la psychiatrie du 19ème
siècle avait commencé à s'intéresser à l'homosexualité. En 1905, Sigmund Freud publie
son livre "Trois essais sur la théorie sexuelle"
(Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie) dans lequel il explique sa
théorie sur la sexualité infantile. L'enfant passe du statut d'être
asexué à celui de pervers polymorphe à la sexualité anarchique. Lors
de sa croissance, il va peu à peu s'orienter vers une sexualité
"normale", tournée uniquement vers le sexe opposé. Pour Freud,
l'inversion est donc liée à l'interruption de l'évolution normale de la
sexualité de l'enfant par un accident extérieur ou une prédisposition.
L'homosexualité est donc le résultat d'un processus de maturité
sexuelle non abouti. L'homosexuel est un infirme qui a échoué dans le
développement harmonieux de sa sexualité. Freud restera fidèle à sa
théorie toute sa vie et elle gardera encore des adeptes un siècle plus
tard. Moins
marqué par la morale et la nécessité d'une normalité sociale, les
travaux de Magnus
Hirschfeld sur l'homosexualité à Berlin ont été
décisifs dans une meilleur compréhension de l'homosexualité. En 1897,
il fonde à Berlin le Comité Scientifique Humanitaire - CSH
(Wissenschaftlich-humanitäres Komitee - WhK), premier groupe organisé
au monde pour la lutte contre les discriminations des homosexuels
masculins. Même s'il ne déclare pas son homosexualité, il va être non
seulement un sexologue mais aussi un activiste de premier plan et va
provoquer en 1898, par une pétition, un débat au Reichstag sur
l'abolition du § 175. L'article de loi qui interdit les relations
homosexuelles masculines ne sera toutefois pas aboli. Hirschfeld va
publier de nombreux ouvrages regroupant les travaux parus sur le sujet
et il va élaborer sa théorie du "troisième sexe" (une âme de femme dans
un corps d'homme). Il expose dans ses livres uniquement des
faits, des
témoignages directs, les résultats de milliers de questionnaires et des
observations sans y apporter de commentaires. Il va être un observateur
attentif du quotidien des homosexuels berlinois de son époque, en
décrivant leurs comportements dans leurs lieux de rencontres (bars,
bains, parcs) mais aussi dans leurs relations avec le reste de la
société (police, justice, criminalité, société civile). Pour
Hirschfeld, l'homosexualité est innée et n'est pas une "anomalie" mais
une "variété sexuelle" sur laquelle il est impossible d'agir.
Pour lui, il n'existe pas seulement deux comportements sexuels,
l'homosexualité et l'hétérosexualité, mais une gamme de comportements
sexuels intermédiaires, des degrés d'hermaphrodisme ou
d'intersexualité. L'homosexuel n'est pas seulement la caricature
efféminée qu'en font ses contemporains mais peut aussi se fondre dans
la masse tout en étant parfaitement indécelable. Les travaux de
Hirschfeld vont faire autorité internationalement. Toutes les villes
allemandes organiseront des conférences sur l'homosexualité sur la base
de ses écrits et il aura des adeptes dans tous les pays européens. Dans
les années 20, il franchira un pas supplémentaire avec la création de
l'Institut pour la Science Sexuelle. (Cf Années
20)
:: LANCEMENT DE LA
REVUE AKADEMOS. C'est
en janvier 1909 qu'est lancée la première revue homosexuelle française
: Akademos. Le baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, poète français, lance
cette revue qu'il qualifie de "Revue Mensuelle d'Art Libre et de
Critique". La revue possède beaucoup de points communs avec son ainée
la revue allemande "Der Eigene" qui parait depuis 1896 : elle consacre
des articles à l'art, la philosophie et la littérature dans le but de
réhabiliter "l'autre amour", l'homosexualité. La revue prend dès le
début un parti pris élitiste même si elle s'en défend. Elle déclare
avoir un ennemi : "le vulgaire" et une originalité : "la
franchise".
De nombreux auteurs vont participer à la rédaction d'Akademos. Parmi
la quarantaine de collaborateurs qui n'hésitent pas à signer leurs
articles, on note les noms de : Robert de Montesquiou, Colette, Achille
Essebac, Claude Farrère, Jean Ferval, Anatole France, Filippo Tommaso
Marinetti, Joséphin Péladan, Henri Barbusse, Laurent Tailhade, Antonio
de Hoyos, Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, la comtesse de
Noailles...
Akademos va être publiée tous les mois de janvier à décembre 1909 et va
cesser définitivement sa parution au bout du 12ème numéro. Elle ne sera
pas inquiétée par les autorités mais n'arrivera pas à constituer un
portefeuille d'abonnés suffisant, le fait de s'abonner à une revue
homosexuelle étant encore pour l'époque un risque et un acte de
témérité.
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> Jacques d'Adelswärd-Fersen,
Messes Noires. Lord Lyllian (1905) - Editions QuestionDeGenre/GKChttp://www.gaykitschcamp.com
RESSOURCES
EXTERIEURES
::
Sources :
::
Sites internet :
- Didier Eribon, Dictionnaire
des Cultures Gays et
Lesbiennes, Larousse, 2003
- Collectif, Dictionnaire
de l'Homophobie, Puf, 2003
- Jean-Louis Chardans, History and
Anthology of Homosexuality, British Group
of sexological Research
- Régis Revenin, Homosexualité
et prostitution masculines à Paris 1870-1918, L'Harmattan,
2005
- Pierre Hahn, Nos
ancêtres les pervers, 2006
- Florence Tamagne, Revue
d'Histoire moderne & Contemporaine, Belin, 2006
- Lambda-education
: Excellent site suisse sur l'histoire de l'homosexualité, bien
documenté, 50 pages de texte, 100 illustrations : http://www.lambda-education.ch
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Moins
marqué par la morale et la nécessité d'une normalité sociale, les
travaux de 
C'est
en janvier 1909 qu'est lancée la première revue homosexuelle française
: Akademos. Le baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, poète français, lance
cette revue qu'il qualifie de "Revue Mensuelle d'Art Libre et de
Critique". La revue possède beaucoup de points communs avec son ainée
la revue allemande "Der Eigene" qui parait depuis 1896 : elle consacre
des articles à l'art, la philosophie et la littérature dans le but de
réhabiliter "l'autre amour", l'homosexualité. La revue prend dès le
début un parti pris élitiste même si elle s'en défend. Elle déclare
avoir un ennemi : "le vulgaire" et une originalité : "la
franchise". 
