1966 :
Anime son premier établissement, le "Club 65".
1972 :
Création du Colony
19 décembre 2010 :
Décès à Paris.
Gérald
Nanty commence à animer les nuits parisiennes au début des années 60,
mais c'est dans les années 70 qu'il devient un des princes de la nuit à
Paris en dirigeant notamment "Le Colony", la locomotive des nuits gay
de la rue Sainte Anne, avec le Sept de Fabrice Emaer.
Enfant, sa mère voulait en faire un couturier... C'est cette profession
qu'il découvre à l'adolescence. A 15 ans, il décide de transformer son
prénom "Gérard" en "Gérald" et commence à se singulariser par des
tenues vestimentaires provocantes et un humour féroce et spirituel qui
ne le quittera plus. Le jeune Gérald aime la fête et fréquente déjà,
avant même d'être majeur, les caves de Saint Germain des années 50. Il
fréquente aussi le plus célèbre club-restaurant homo de l'époque, le
Fiacre. Sa beauté juvénile et son esprit lui permettent de rencontrer
tous les artistes homosexuels de l'époque qui l'invitent à leur table
et lui ouvrent les portes d'un Paris encore très secret. C'est à 19
ans, au Café de Flore, qu'il rencontre son premier grand amour, le
couturier Valentino.
En 1966, on lui confie l'animation d'un club de Saint Germain,
rebaptisé le "Club 65". Nicoletta est engagée comme DJ, Guy Marchand
comme barman et le tout Paris de la mode fréquente l'établissement,
mais aussi la célèbre Coccinelle, première transsexuelle française dont
le succès commençait à dépasser les frontières. Marlène Dietrich sera
marraine de l'établissement qui lancera des chanteurs comme Hervé
Vilard dont le tube "Capri c'est fini" le fait découvrir à la France
entière. Gérald Nanty y découvre sa véritable vocation. Désormais il ne
va cesser de reprendre et d'animer des établissements de nuit. Après le
Club 65, il s'investit au "Prélude", bar de la rue Guisarde, tenu par
deux lesbiennes. Il relance l'établissement et y expérimente une
formule qui fera son succès, celui du club homo avec restaurant mitoyen
qui fait se côtoyer les stars du showbizz et la jeunesse masculine
homo.
En 1970, toujours à Saint Germain, Gérald Nanty ouvre "Le Nuage" (5 rue
Palissy). Mi restaurant mi-club, le Nuage devient instantanément
l'endroit à la mode de Saint Germain et Gérald Nanty se hisse au rang
de Prince de la nuit parisienne aux cotés de Régine, Castel et d'un
autre jeune homme, Fabrice Emaer, qui attire le Paris homo sur la rive
droite dans la nouvelle rue gay de la capitale, la rue Sainte Anne. Le
DJ du Nuage s'appelle "Guy Cuevas", mais ce dernier va quitter Gérald
Nanty pour Fabrice Emaer au "Sept" rue Sainte Anne. Il deviendra plus
tard le premier Dj du Palace. En 1972, Gérald Nanty décide de
quitter Saint Germain et de concurrencer directement "le Sept" de
Fabrice Emaer en ouvrant rue Sainte Anne, "le Colony". Le Colony va
devenir l'un des deux établissements les plus célèbres mondialement
auprès de la clientèle gay des années 70. C'est Roger Peyreffite, qui
va financer la création de l'établissement qui propose sur 400 m2, un
restaurant au rez-de-chaussée et un club discothèque au sous-sol. Toute
la Jet Set de l'époque fréquente l'établissement. Jacques Chazot, Alice
Sapritch, Françoise Sagan, Yves Mourousi, Thierry Le Luron, vont être
des fidèles du Colony et des amis de Gérald Nanty. Gérald Nanty et
Fabrice Emaer vont se livrer une guerre douce-amère, sans qu'il y ait
de véritable vainqueur puisque les deux établissements de la rue Sainte
Anne ne vont pas désemplir. Tous les deux vont ouvrir d'autres
établissements. En 1973, Gérald Nanty, toujours avec l'aide financière
de Roger Peyreffite, ouvre rue Saint Anne, une deuxième adresse, "le
Bronx". Inspiré des bars cuirs des Etats-Unis, le Bronx est le premier
bar "sexe" de la capitale. Il propose à sa clientèle une chambre noire
pour lui permettre des échanges intimes. La première backroom de France
apparait donc rue Sainte Anne. La clientèle du Bronx n'a rien à voir
avec celle du Colony. Au Colony, c'est le paradis de la "folle"
exubérante des années 70, avec son humour décapant fait d'auto
dérision, au Bronx, c'est la préfiguration des gays des années 80,
virils, machos et consommateurs de sexe rapide.
Les années 80 vont mettre fin à la suprématie de la rue Sainte Anne.
Fabrice Emaer va ouvrir le Palace, les bars cuir vont éclore aux
Halles, à la Bastille et dans tout Paris et Gérald Nanty va revendre le
Colony et le Bronx avant qu'il ne soit trop tard. Il a compris qu'une
époque était désormais révolue. Le Sida va faire ses ravages auprès des
amis de Gérald Nanty qui vont disparaître, les uns après les autres.
Son concurrent, Fabrice Emaer va s'éteindre à son tour, et Gérald Nanty
va songer à déserter le monde de la nuit qui ne sera plus jamais ce
qu'il avait été. Il va néanmoins racheter en mai 1981 un vieux cabaret
de Saint Germain, "l'Echelle de Jacob" pour en faire un sex-bar, "le
Trap", rue Jacob. Mais Gérald Nanty n'y accueille plus directement ses
clients. Il prend du recul mais continue à entretenir de fortes amitiés
avec les artistes. Le Trap va fermer ses portes en 1995. En 1996,
Gérald Nanty reprend un petit établissement de la rue de Ponthieu près
des Champs Elysées. Il en fait un bar, puis un bar-restaurant qu'il
appelle "le Mathi's"
et y accueille les stars et les vedettes qui n'ont jamais cessé de lui
témoigner leur amitié malgré son humour sans concession qui n'épargne
personne. Mais c'est aussi pour cela que ses amis l'aiment. Le Mathi's
sera son dernier établissement. Gérald Nanty s'éteint à 72 ans dimanche
19 décembre 2010 suite à un malaise cardiaque.
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Gérald
Nanty commence à animer les nuits parisiennes au début des années 60,
mais c'est dans les années 70 qu'il devient un des princes de la nuit à
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