Hexagone Gay





Les Années 80





Les Evenements
Années 80
LES EVENEMENTS
1980
- 17 janvier 1980

Création de l'ADHO, association homo de Rennes.
- 6 mars 1980

Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l'Académie Française.
- 19 novembre 1980

L'amendement "Foyer" maintient le délit d'homosexualité pour les relations de 15 à 18 ans lors de la réforme de la loi sur le viol. 
1981
- 4 avril 1981

Démonstration de force à Paris : La Gay Pride attire 10 000 manifestants de Maubert à Beaubourg.
- 28 avril 1981 

Pour la première fois, le candidat aux Présidentielles, François Mitterrand, déclare que "l'homosexualité ne doit plus être un délit". 
- 10 mai 1981

François Mitterrand est élu Président de la République
- 5 juin 1981

Une nouvelle maladie, qui se transmet par voie sexuelle et qui touche les homosexuels, est identifiée aux USA.
- 11 juin 1981

Suppression du Groupe de Contrôle des Homosexuels à la Police Nationale.
- 12 juin 1981

Le ministre de l'Intéreur Gaston Defferre envoie une circulaire pour limiter le fichage des homosexuels et le contrôle d'identité sur les lieux de drague.
- 12 juin 1981

La France ne reconnait plus la classification de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui fait de l'homosexualité une maladie mentale.
- juin 1981

Deux candidats ouvertement homosexuels se présentent aux élections législatives, un à Nanterre, l'autre à Aix-en-Provence.
- 26 juillet 1981

2ème Université d'Eté Homosexuelle de Marseille. Il est décidé de la création de lieux associatifs dans les grandes villes de France.
- 4 août 1981

Une loi d'amnistie incluant les délits homosexuels est votée.
- septembre 1981

Le journal Gai Pied évoque pour la première fois l'apparition d'une maladie que les médias appellent "le cancer gay".
20 décembre 1981

L'Assemblée Nationale vote l'abrogation de l'article 331-2 qui établissait une différence de majorité entre hétéros et homos.
- 31 décembre 1981

11 cas, de ce qui ne s'appelle pas encore le SIDA, sont identifiés en France en 1981.
1982 
- février 1982

La loi Quillot retire des contrats de location "la gestion en bon père de famille".
- avril 1982

L'évêque de Strasbourg, Léon-Arthur Elchinger, refuse de louer la salle prévue quelques jours avant la tenue du Congrès de l'International Lesbian and Gay Association (ILGA).
- 13 mai 1982

L'association Arcadie se saborde, cesse toutes ses activités et la parution de son journal.
- 22 juillet 1982

Après une manifestation de 3000 personnes dans les rues de Paris, la radio homosexuelle Fréquence Gaie est autorisée à émettre.
- 4 août 1982

Une loi abroge définitivement l'article 331-2 du code Pénal. L'homosexualité est dépénalisée.
- novembre 1982 

En raison de son succès, le journal Gai Pied passe d'une parution mensuelle à hebdomadaire.
- décembre 1982 

On utilise pour la première fois le mot SIDA et on identifie les groupes à risque : homosexuels, toxicomanes, hémophiles et Haïtiens.
- 31 décembre 1982

48 cas de Sida ont été recensés en France.
1983
- Janvier 1983

Le CUARH recueille 5000 signatures pour que la loi anti-sexiste soit étendue à l'orientation sexuelle.
- 22 janvier 1983

6 000 personnes défilent dans les rue de Paris pour défendre la radio homo "Fréquence Gaie" menacée de fusionner avec une autre radio pour avoir son autorisation d'émettre.
- 4 mars 1983

Emission d'Anne Gaillard sur FR3 : "Le corps de mon identité : être transsexuel" dans le cadre des vendredis de l'information.
- 26 mars 1983

Ouverture du lieu associatif homo de Nancy "Le Tant Voulu", 22 rue Sellier.
- 20 mai 1983

Luc Montagné et son équipe isolent le virus qui semble responsable du Sida qu'ils baptisent LAV.
- 11 juin 1983

Mort de Fabrice Emaer, roi des nuits parisiennes et fondateur du Palace.
- 18 juin 1983

Peu de participation à la Gay Pride de Paris. Pour la première fois, des chars commerciaux défilent.
- 9 juillet 1983

Crise au journal Gai Pied. Son fondateur, Jean Le Bitoux et une partie de la rédaction démissionnent.
- 10 juillet 1983

3ème Université d'Eté Homosexuelle de Marseille. Christian de Leusse présente son projet de création d'une Fondation pour le patrimoine homosexuel.
- 14 juillet 1983

La notion de "bonne morale" disparait du code de la fonction publique.
- juillet 1983

Le maire de Rennes, Edmond Hervé, fait voter une subvention pour l'association gaie l'ADHO et son lieu associatif le "Tutti Frutti".
- Aout 1983

Ouverture de la librairie homo "Les Mots à la Bouche" dans le Marais à Paris.
- Aout 1983

Klaus Nomi meurt du Sida.
- Septembre 1983

Lancement du journal gratuit gay "5 sur 5" par David Girard.
- 14 septembre 1983

TFI, A2 et FR3 programment une émission pour récolter des fonds pour lutter contre le Sida.
- Septembre 1983

Trois quotidiens refusent de vendre un espace publicitaire au journal Gai Pied : Le Figaro, L'Humanité et La Croix.
- 16 novembre 1983

TF1 diffuse à 20h30, dans le cadre des "mercredis de l'Information", une émission sur les homosexuels. Des hommes et des femmes s'expriment sur leur vécu.
- 10 décembre 1983

Inauguration du premier lieu associatif gai parisien : "l'Escargot".
- 31 décembre 1983

107 cas de Sida déclarés en France depuis l'apparition de la maladie.
1984
- 13 janvier 1984

Décente de Police dans les bars gay parisiens
- 23 janvier 1984

Soirée pour la recherche contre le Sida organisée par Gai Pied Hebdo au Théâtre de Paris.
- 6 février 1984

Création du 36-15 sur minitel
- Février 1984

Création de l'association homosexuelle de droite "Les Gais Libéraux".
- 13 février 1984

Jean-Marie Le Pen considère l'homosexualité comme une "anomalie biologique et sociale".
- 13 mars  1984

Le Parlement Européen de Strasbourg condamne les discriminations homosexuelles sur les lieux de travail.
- 14 avril 1984

Le ministère de l'Intérieur nomme une "Madame Homo", Aimée Dubos, chargée d'assurer l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
- 23 juin 1984

La Gay Pride de Paris est une nouvelle fois un échec. Peu d'affluence.
- 25 juin 1984

Michel Foucault meurt du Sida
- 23 juin 1984

Lors de l'émission "Psy Show" sur Antenne 2, deux homosexuels parlent de leur vie de couple.
- 4 septembre 1984

Deuxième dossiers de l'écran consacré à l'homosexualité. "Etre Gay en 1984" ne propose plus, pour la première fois, la présence d'un prêtre ou d'un médecin sur le sujet.
- 31 octobre 1984

Un militant homosexuel de Caen fait l'objet d'une plainte pour avoir distribué un tract devant un lycée.
- 24 novembre 1984

Descente de police au Tutti Frutti, le local associatif de Rennes.
- 4 décembre 1984

Création de l'association Aides par Daniel Defert.
- 31 décembre 1984

377 cas de Sida en France
1985
- 7 juillet 1985

4ème Université d'Eté Homosexuelle de Marseille. Les rangs sont clairsemés. De nombreux militants sont morts du Sida.
- 25 juillet 1985

L'amendement Jean-Pierre Michel étend le champ des lois anti-racistes aux discriminations en raison des m½urs.
- 2 octobre 1985

L'acteur américain Rock Hudson, hospitalisé à Paris, meurt du Sida.
- 16 novembre 1985

Le journal Gai Pied promeut le sexe sans risque (SSR) en insérant un préservatif dans son journal.
- 31 décembre 1985

959 cas de Sida recensés en France depuis le début de la maladie (dont 614 homosexuels). 30 000 personnes seraient séropositives.
1986
- janvier 1986

Parution au Jo d'un projet de loi incluant la notion de m½urs à l'article L122-35 du Code du Travail. Les salariés ne peuvent plus être lésés en raison de leurs m½urs.
- 18 janvier 1986

Le journal Gai Pied lance son premier service sur minitel "Gai Pied Rézo".
- janvier 1986

Le RPR, principal parti de droite, publie une brochure intitulée "Une politique pour la Famille", dans laquelle il demande la suppression des droits des concubins et le retour à l'ordre moral.
- 9 janvier 1986 

L'association de gauche, "les Gais pour les Libertés" récolte 150 millions de centimes lors d'un gala pour la prévention du Sida organisé à l'Opéra de Paris.
- janvier 1986

Le maire d'extrême droite de Nice, Jacques Médecin, fait fermer des saunas gay par la police et impose des horaires de fermeture à 2h du matin pour les boites gay.
- 4 mars 1986

3ème émission sur l'homosexualité des Dossiers de l'Ecran. Cette fois, le Sida s'invite à l'émission.
- 20 mars 1986

Jacques Chirac devient Premier Ministre de cohabitation.
- 14 avril 1986

Mort de Simone de Beauvoir
- 15 avril 1986

Mort de Jean Genet
- 21 juin 1986

La Gay Pride de paris ne rassemble que 1000 manifestants, son score le plus bas.
- 25 juin 1986

Deuxième Conférence Internationale sur les MST et le Sida au Palais des Congrès de Paris. L'accent est mis sur la prévention et l'utilisation des préservatifs.
- Septembre 1986

La revue Masques cesse sa parution.
- 27 octobre 1986

Mort de l'écrivain André du Dognon qui avait participé à la fondation du Club Arcadie.
- octobre 1986

Le Vatican envoie une lettre aux Evêques : Condamnation de l'homosexualité mais pas des homosexuels incités à la chasteté.
- 13 novembre 1986

Thierry le Luron meurt du Sida.
- 13 novembre 1986

Coloque à la Sorbonne : "Homosexualité, homosocialité et urbanité".
- 1er décembre 1986

Gala des Artistes contre le Sida au Moulin Rouge, sous la direction de Line Renaud.
- 12 décembre 1986

Décès d'Alain Pacadis, le chroniqueur "Night Club" de Libération et Gai Pied.
- 19 décembre 1986

Le gouvernement autorise la publicité pour les préservatifs.
- Décembre 1986

Homophonie, la revue qui avait été créée par le CUARH, cesse sa parution.
- 31 décembre 1986

2213 cas de Sida ont été déclarés en France depuis le début de l'épidémie, dont 700 en 1986. On estime entre 100 000 et 200 000 le nombre de séropositifs dans notre pays.
1987
- 16 mars 1987

Le ministre de l'intérieur Charles Pasqua menace d'interdire le journal Gai Pied de vente aux mineurs.
- 27 avril 1987 

Première campagne gouvernementale contre le Sida avec pour slogan "Le Sida ne passera pas par moi" 
- 12 juillet 1987

5ème et dernière Université d'Eté Homosexuelle de Marseille. Le mouvement gay d'extrême droite "Gaie France" est rejeté par les militants.
- 30 octobre 1987

Jean-Paul Aron annonce qu'il est atteint du Sida.
- Décembre 1987

Copi meurt du Sida
- 1er janvier 1988

4 458 cas de Sida recensés en France.
1988
- 20 août 1988

Jean-Paul Aron meurt du Sida
- 28 août 1988

Guy Hockenghem meurt du Sida
- Novembre 1988

Création de l'Agence Française de Lutte contre le Sida (AFLS)
- décembre 1988

Création d'un Groupe d'Etude sur le Sida à l'Assemblée Nationale.
- 31 décembre 1988

7503 cas de Sida sont déclarés en France. Ils seront près du double fin 89. On estime que rien qu'à Paris, un millier d'homosexuels sont déjà morts du Sida depuis l'apparition de la maladie.
1989
- 9-10-11 janvier 1989

Assises Internationales des nouvelles solidarités à Paris. On y parle de lutte contre les discriminations vis-à-vis des malades du Sida.
- 28 février 1989

La Déportation des homosexuels par les nazis est abordée pour la première fois à la télévision dans une émission de Frédéric Mitterrand, "Du Coté de Chez Fred".
- 24 juin 1989

Mort du compositeur Henri Sauguet
- 24 juin 1989

La Gay Pride de Paris rassemble 4500 personnes. L'association Act Up Paris y fait sa première apparition publique.
- 29 septembre 1989

Vote de la  Recommandation 1117 (1989) de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe relative à la condition des transsexuels. 
- 2 octobre 1989

Act Up manifeste devant l'Assemblée Nationale.
- 25 octobre 1989

Les professionnels de la Mode organisent une soirée pour la lutte anti sida à l'Opéra Bastille.
- 31 décembre 1989

11 287 cas de sida ont été recensés en France en 1989 (dont 6038 homosexuels)

:: LE MOUVEMENT ASSOCIATIF DES ANNEES 80.

MUTATION DES ASSOCIATIONS MILITANTES.
Arcadie, la plus ancienne association homo de France, se saborde en 1982. André Baudry, accusé d'immobilisme par les homosexuels révolutionnaires, refuse la politisation du mouvement homosexuel français. Pour cette raison, il décide de ne pas participer à la grande gay pride de 1981 (cf Histoire des gay prides) qui met 10000 homos dans les rues de Paris juste avant les élections présidentielles. Alors qu'en presque 30 ans d'existence et de lobbying, le Club Arcadie n'a obtenu aucune évolution législative en faveur des homophiles, c'est cette manifestation organisée par le CUARH qui poussera le candidat Mitterrand à prendre position pour la dépénalisation de l'homosexualité qu'il mettra en application après son élection. Désavoué et critiqué sévèrement, André Baudry dissout le Clespala (société gérante du Club Arcadie) le 13 mai 1982 et interrompt la diffusion de la revue Arcadie le 15 juin 1982.  Mais les associations qui lui contestaient le droit de s'adresser au nom des homosexuels ne vont pas lui survivre longtemps. Le CUARH, après sa démonstration de force dans les rues de Paris en 1981, voit ses militants se démobiliser une fois l'abrogation des lois discriminatoires obtenues. Même si les droits de homosexuels sont encore loin d'être tous acquis, les mesures législatives de 1981 et 1982 vont être considérées comme majeures et beaucoup considèreront le combat définitivement gagné. Des luttes de pouvoir internes, des affrontements entre Paris et la Province, entre les gays et les lesbiennes vont avoir raison des GLH et du CUARH. L'apparition du Sida, avec ses nombreux décès dans la communauté homosexuelle va y mettre fin définitivement. La deuxième moitié des années 80 va voir émerger des associations de luttes contre le Sida et même si elles ne sont pas spécifiquement homosexuelles, elles sont constituées par des homosexuels et s'adressent à eux en priorité. Les homosexuels se préoccupent de leur santé et revendiquent désormais de vivre en couple comme les hétérosexuels. Avec le Sida, d'autres besoins et d'autres discriminations vont émerger (cf ci-dessous : "le Sida et les Homosexuel)  

LES ASSOCIATIONS POLITIQUES.

Si les partis politiques français ont non seulement été totalement absents pour lutter contre les discriminations sociales des homosexuels dans notre société, ils ont souvent été, notamment avec l'amendement Mirguet de 1960, à l'origine de lois et de décrets homophobes. Dans les années 80, ils constatent l'émergence d'un milieu associatif homosexuel particulièrement virulent et capable d'intervenir sur le terrain politique. Les mouvements d'extrême gauche et quelques partis de gauche ont tenté, dès le début, de s'infiltrer dans les associations militantes homosexuelles et d'en prendre le contrôle. Le mouvement anarchiste, la Ligue Communiste Révolutionnaire ont été parmi les premiers à prendre position en faveur des homosexuels. La LCR crée une commission nationale homosexuelle en 1977. Ce n'est qu'après l'obtention d'avancées significatives par les homosexuels eux-même, que les partis politiques vont commencer à s'intéresser au sujet. Les grands partis ont compris la nécessité de ne pas se laisser déborder par le mouvement associatif et les partis extrémistes sur un sujet qui relève de l'évolution des m½urs et donc associé à une image de modernité. Le Parti Socialiste a été le premier en 1983, a créer un mouvement pour les droits des homosexuels avec "Homosexualité et Socialisme" (HES) puis les Gays Pour la Liberté (GPL), également positionné à gauche. En février 1984, c'est à droite que se crée le MGL (Mouvement des Gais Libéraux).

LES ASSOCIATIONS RELIGIEUSES.
Nées à la fin des années 70, David et Jonathan, le Beit Haverim, Le Centre du Christ Libérateur vont connaître un fort développement durant les années 80. Pour concilier l'homosexualité avec les textes bibliques, ces association homosexuelles religieuses recommandent la vie en couple, la fidélité et fustigent la drague et les partenariats multiples. Ce discours va connaître un nouvel écho avec l'apparition du Sida qui justifie, sinon l'abstinence, au moins la fin du vagabondage sexuel.

LISTE DES ASSOCIATIONS NATIONALES.*

ARCADIE
Le mouvement homophile Arcadie créé en 1954 va se saborder en 1982 et laisser le champ libre aux associations militantes politisées qui ne cessaient de contester son action jugée trop timorée et respectueuse des conventions. André Baudry, qui avait créé le mouvement, prendra seul la décision d'y mettre fin, lassé par les critiques du mouvement homosexuel. Il va se retirer en Italie dans une retraite prématurée. Les adhérents, désemparés, vont se replier dans Présence AREHO, association alternative.
CUARH Comité d'Urgence Anti-Repression Homosexuelle.
Le CUARH est né lors de l'Universite d'Eté Homosexuelle de Marseille en juillet 1979. Il a fédéré autour de lui un grand nombre d'associations homos françaises et a eu une action politique significative au début des années 80. Il a été à l'origine de la première grande Gay Pride parisienne en 1981. Le CUARH a cessé peu à peu et imperceptiblement ses activités au milieu des années 80, faute de militants. En 1987, il n'existait plus.

David & Jonathan
Le mouvement "Christianisme et Homophilie", créé en 1972, a adopté le nom de sa revue "David & Jonathan" lorsqu'il a déclaré son association en octobre 1983. Il rassemble des gays et lesbiennes chrétiens, catholiques, protestants et orthodoxes. Dans les années 80, cette association va encore ouvrir de nouvelles antennes en région.
M.I.E.L. Mouvement d'Information et d'Expression des Lesbiennes.
Ce mouvement, créé en juillet 1981, prévoit dans ses statuts de pouvoir ester en justice pour lutter contre les discriminations envers les lesbiennes.
Le MIEL disparaîtra en 1995.
Arcadie
Cuarh
David & Jonathan
MIEL
GPL - Gais Pour la Liberté
Réflexion politique orientée à gauche. Anime l'APSAM, Association de Solidarité pour la Prévention et l'Aide contre le Sida. Le GPL éditera un journal "Gai Soir".
AIDES.
L'association nationale de Lutte contre le Sida, Aides, est créée officiellement à Paris en décembre 1984 par le sociologue Daniel Defert. Il y a, à cette époque, 300 cas de Sida en France. En 1987, elle aura des antennes dans une quinzaine de régions françaises.
 AMG
L'Association des Médecins Gais a été créée en 1980, donc avant l'apparition du Sida, pour répondre aux questions spécifiques que se posent les homosexuels. Dans les années 80 elle assure une permanence téléphonique hebdomadaire.
ARCAT SIDA (Association pour la Recherche Clinique contre l'Aids Sida et sa Thérapeutique).
Cette association est créée en novembre 1985 à Paris.
Elle éditera un mensuel, "Le Journal du Sida" à partir de décembre 1988.
GPL
Aides AMG ARCAT
Mouvement des Gays Libéraux.
La première association gay située politiquement à droite est lancée en février 1984.



MGL
HES - Homosexualité et socialisme.
Mouvement gay issu du Parti Socialiste et créé en 1983.


G.A.G.E. - Groupe Achrien des Grandes Ecoles.
Fondé par Yves Roussel en 1983. Le mot achrien est emprunté au vocabulaire de Renaud Camus. Le Gage regroupe des étudiants homosexuels des grandes écoles lors d'activités de loisirs.
40 rue Amelot - Paris 11e

Gage
Rando's.
Dans les années 80, l'association des gais randonneurs aura, en dehors de Paris, une antenne à Tours et une à Lyon.
AMEFAT.
Association Médicale Française d'Aide aux Transsexuels.
Cette association dirigée par des médecins et des psychiatres à son siège à Saint-Etienne.
CCL - Centre du Christ Libérateur
Centre pastoral et psychologique d'entraide et d'informations fondé par le pasteur Joseph Doucé en 1974. Dans les années 80, il lance une maison d'édition, "Lumière et Justice" qui publiera divers ouvrages sur les sexualités minoritaires. Le CCL inaugure aussi un groupe sourds et muets et accueille les malades du Sida.
Association des Gais Retraités
Cette association a été fondée en mai 1983 à l'initiative de Maurice Cerdo, ancien candidat gai aux législatives de 1981. Maurice Cerdo décède du Sida en 1988. Jacques Lemonnier, prend sa succession à la Présidence de l'Association la même année.
BEIT HAVERIM
Beit Haverim = Maison des Amis en Hébreux.

L'association des Homosexuels de confession juive a été créée en 1977. Martine Gross en a été la première présidente. Le Beit Haverim propose des rencontres et célébrations des fêtes juives.
Association des Artistes contre le Sida
Association née en 1985 à l'initiative de Line Renaud. Elle organise, la même année, la première émission de télévision destinée à récolter des fonds pour la recherche contre le Sida.
Partages
Groupe de Chrétiens homos qui réunit des athées et des croyants depuis 1982. Cette association gère la ligne d'info SOS Gais.

Partage
Présence AREHO (Association Recherche et Expression Homosexuelle)
A la dissolution du club Arcadie, des militants de la défunte association décident de créer Présence AREHO en 1982.
Ses objectifs sont : Rencontres, loisirs et infos. L'AREHO publie un bulletin d'informations : "Diagonales".
L'association souhaite aussi fédérer les clubs de province.
Association Vaincre le Sida
Première association de lutte contre le Sida, créée en août 1983. En 1989, elle a favorisé le maintien à domicile des malades du Sida. Elle disparaîtra en 1999.
Association des Parents Gais
Pour les parents gais et futurs parents gais mais aussi pour les parents ayant des enfants homos.
ANPC - Association Nationale de Prévoyance des Célibataires
Assurances mutualistes.
TAU SIGMA
Association des Transsexuels par les transsexuels eux-même. Informations médicales.
BETSAIDA
Réseau d'entraide voyants/non voyants, avec phonothèque gaie.
Association crée en 1983.
S.O.S Permanence Lesbiennes
Ce numéro de soutien téléphonique est assuré par le Groupe Lesbiennes du CCL (Centre du Christ Libérateur).

Permancence lesbienne

GRED
Groupe de Recherche pour une enfance différente.
Ce groupe de réflexion est créé lors de l'UEH de Marseille en 1979. Il milite contre la notion de majorité sexuelle et pour le droit des mineurs à une sexualité. Le Gred publie un journal, le petit Gredin. D'abord soutenu par le CUARH et par le mouvement homosexuel, il va en être rejeté à partir de 1983, les homosexuels désirant se démarquer définitivement de la pédophilie qui ne sera jamais considérée comme une orientation sexuelle mais comme un trouble de la préférence sexuelle, condamnable par la loi. Le Gred va disparaître fin 87.
 S.O.S. Homo
Répondeur téléphonique mis en place par le Centre du Christ Libérateur. Répond en direct les mercredis et vendredis de 18h à 24h.


SOS Homo
Le Gai Savoir
Etudes homosexuelles


Le Gai Savoir
FGC
Fédération Gaie pour la Communication. Créée en octobre 1983 elle coordonne  les actions des animateurs de radios gais par des échanges de programmes, mais intervient aussi dans la presse écrite et la télévision.
59 - Mons en Baroeul
FLAG
Fédération des lieux associatifs gais. Coordonne les différents lieux associatifs gais de France
16 rue Si Polycarpe 69 - Lyon
Groupe Gai des PTT
Première association professionnelle créée en novembre 1980 par des militants du CCL, agents des PTT.
G.U.I - Gay Union International
Contacts homos à travers le monde
S.O.S. Racisme et Marche Gaies Alcooliques Anonymes Homosexuels (AAH)
18 bd Arago Paris 13e
Collectif Autonome d'Aide aux Androphiles S.O.S. Amité
`
* Cette liste d'associations n'est pas exhaustive. Elle doit être complétée par la liste des associations purement parisiennes (cf Paris Années 80 - Association) mais aussi par la liste des associations région par région (cf les années 80 dans chaque région).



:: DEPENALISATION DE L'HOMOSEXUALITE.

HomophonieLe 20 décembre 1981, l'Assemblée Nationale vote l'abrogation de l'article 331-2 qui établissait une différence de majorité entre hétéros et homos. Le 4 août 1982, cette loi qui décriminalise l'homosexualité en France est promulguée. La France a rejoint avec retard le cercle des nations civilisées qui l'avaient précédé dans la dépénalisation de l'homosexualité puisque la Suisse l'avait dépénalisée dès 1942, l'Angleterre en 1967, l'Allemagne en 1969. L'article 331-2, loin d'être symbolique comme l'affirmaient certains détracteurs, avait permis 9000 condamnations d'homosexuels de 1945 à 1980 (les chiffres sous Vichy n'ont jamais été rendus publics).  La plupart de ces homosexuels ont été incarcérés et tous ont vu leur vie étalée sur la place publique avec toutes les conséquences que cela impliquait auprès de leur famille, de leurs amis ou de leur employeur.
Parmi ces 9000 condamnations, il y avait plus de 20 % de mineurs, c'est à dire de jeunes de moins de 21 ans (jusqu'en 1974) ou de moins de 18 ans (de 1974 à 1980) condamnés et mis en "éducation surveillée", parce qu'ils avaient eu des relations avec des camarades de leur âge. S'il y a eu traumatisme chez eux, ce n'est certainement pas en raison de leur homosexualité mais bien en raison de leur condamnation et de leur mise au banc par la société. Les statistiques ne disent pas combien de suicides ont suivi ces lapidations publiques.
François Mitterrand, conformément à sa promesse de campagne électorale, va initier cette dépénalisation de l'homosexualité par la voix de son garde des Sceaux, Robert Badinter, et de son rapporteur Gisèle Halimi (cf document sonore ci-dessous). Les députés de droite, considérant toujours l'homosexualité comme un fléau social, vont voter contre et vont utiliser l'amalgame homosexualité - pédophilie comme unique argument de leur démonstration. Parallèlement à cette décriminalisation, le gouvernement socialiste d'André Mauroy, va aussi multiplier les initiatives pour mettre fin à des pratiques héritées de Vichy. Le ministre de l'Intérieur, Gaston Deferre, va demander la destruction des fichiers d'homosexuels et l'arrêt des contrôles d'identités systématiques sur les lieux de drague par la police. La France va aussi se désolidariser de l'Organisation Mondiale de la Santé qui considère toujours l'homosexualité comme une maladie mentale.

Mais la dépénalisation ne signifie par pour autant la fin totale des discriminations. Et si la législation prend le bon chemin pour l'égalité des citoyens, il reste encore de nombreuses étapes pour que cet objectif soit atteint. Les mentalités, plus difficile à faire évoluer, vont encore souvent être un frein, d'autant plus que le pape Jean-Paul II s'oppose avec virulence à toute normalisation de l'homosexualité. Son discours, très homophobe, encouragera certains dignitaires catholiques, comme l'évêque de Strasbourg, à des excès de langage et des actes discriminatoires inadmissibles (cf années 80 en Alsace).  Les hommes politiques n'auront pas dit non plus leur dernier mot sur le sujet. En 1987, avec la cohabitation, le gouvernement de droite, par l'intermédiaire de son ministre de l'intérieur Charles Pasqua, va tenter d'interdire la presse homosexuelle au nom de l'ordonnance de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Mais le vent a définitivement tourné et la réaction dépassera la communauté homosexuelle, désormais soutenue par une opinion publique majoritairement favorable à la liberté d'orientation sexuelle.
L'évolution française va aussi se généraliser et même aller au delà dans les autres pays européens. En mars 1984, le Parlement Européen vote une résolution qui condamne les discriminations sexuelles sur les lieux de travail. Simone Veil soutient le texte, mais la France ne prendra une telle disposition qu'en janvier 1986.
En janvier 1989, le Parlement danois est le premier du monde à accorder aux couples homos les mêmes droits qu'aux couples hétéros. Le 26 mai, ils peuvent se marier à la mairie mais ne peuvent toujours pas adopter d'enfants. Le 1er octobre 1989, 10 couples homos se marient à Copenhague devant la presse mondiale.

20 décembre 1981. Gisèle Halimi, rapporteur, et Robert Badinter, ministre de la Justice, défendent la proposition de loi abrogeant le 2e alinéa de l'article 331 du code pénal, à l'Assemblée Nationale. 


:: LE SIDA ET LES HOMOSEXUELS.

C'est en juin 1981 qu'une nouvelle maladie, qui semble ne toucher que les homosexuels, fait son apparition aux Etats-Unis. C'est aussi en juin 1981 que le nouveau gouvernement français s'attaque aux lois discriminatoires envers les homosexuels. Ces deux événements apparemment sans rapport vont pourtant s'entrechoquer au début des années 80. Après des siècles d'oppression, les homosexuels commencent à être considérés comme des citoyens à part entière et au même moment, une presse qui les avait au mieux ignorés, au pire condamnés, va, tout d'un coup, faire ses gros titres avec "l'étrange cancer des homosexuels", "les homosexuels punis ... par le cancer" (le Matin de Paris 2 janvier 1982) ou "ce mal étrange qui frappe les homosexuels". Jusque fin 1982, on ignore tout de cette maladie et de son mode de transmission. Pourtant les articles de journaux accusent à la fois le vagabondage sexuel des homos ou le poppers, excitant sexuel et drogue, qu'ils inhalent dans les backrooms. Les religieux américains parlent, eux, du châtiment de Dieu qui s'abat sur les homosexuels, argument couramment repris dans les conversations de bistrots.
presseOn a souvent reproché au milieu homosexuel de n'avoir pas pris rapidement en compte l'apparition du Sida et d'avoir joué une politique de l'autruche face à une épidémie qui va s'attaquer prioritairement à lui. On peut néanmoins comprendre cette attitude face à l'exploitation immédiate faite du Sida par une société conservatrice qui n'admet pas que la loi s'oriente vers une décriminalisation de l'homosexualité. Comment ne pas croire à un retour de l'ordre moral et à un complot médiatique, alors que l'extrême droite et les religions, sans même connaître les causes du Sida, pointent vers les homosexuels un doigt accusateur. Comment ne pas imaginer que le Sida sert de prétexte aux homophobes lorsque les premières mesures de lutte contre le Sida vont être la fermeture des backrooms par la police (Paris février 84), voire même l'attaque et la tentative d'interdiction des journaux gay comme Gai Pied (décision de Charles Pasqua en 1987 qui ne sera pas suivie d'effet) ? L'histoire ne peut pas accuser les homos de paranoïa, lorsqu'on égrène les violences dont ils ont fait l'objet durant des siècles et qu'à l'annonce de la dépénalisation de l'homosexualité, on ne parle que de leur responsabilité dans l'épidémie de Sida. L'Association des Médecins Gais qui s'exprime dans le journal Gai Pied par la plume de son Président, Claude Lejeune, va d'abord relativiser l'importance de la maladie et déculpabiliser les homosexuels.
En janvier 82, il écrira : "Ne sommes nous pas, une fois de plus, victimes de ce puritanisme qui nous colle aux chromosomes et dont les gays américains ne sont pas arrivés à se départir ?" En avril 82, il conclut un article par "Baiser est dangereux ? Et traverser la rue, alors..." En novembre 1982, alors que l'origine virale de la maladie n'est encore qu'une hypothèse et son mode de transmission inconnu, il indique "les poppers incriminés dans l'apparition du mal sont totalement blanchis. De même que le vagabondage sexuel. Ainsi, vous pouvez de nouveau, sans crainte, inhaler votre produit favori et passer de l'un à l'autre, vous attraperez autre chose que l'AIDS (!)"

Mais devant l'ampleur de la contamination qui touche désormais la France, le 23 janvier 1984, c'est le Journal Gai Pied Hebdo qui organise avec l'Association des Médecins Gais le premier gala français au profit de la recherche contre le Sida. Et il va falloir attendre août 1984 pour qu'il reconnaisse enfin dans ses colonnes la gravité de la situation, le fait que cette maladie touche essentiellement les homosexuels et qu'elle est bien mortelle.
Campagne 86 AidesEn 1984, on découvre les modes de transmissions du Sida et l'importance du préservatif pour lui faire échec. En 1985, on peut déterminer la séropositivité et en même temps s'apercevoir du gigantisme de la pandémie. 65 % des malades du Sida sont des homosexuels. Le journal Gai Pied va reconnaître que les pratiques sexuelles des homos sont à risque et qu'il faut en changer en diminuant le nombre de partenaires et en se protégeant. Malheureusement, le revirement de Gai Pied ne fera pas l'unanimité auprès des militants gay qui vont encore mettre quelques années pour mesurer l'ampleur du désastre.
Le CUARH va continuer à dénoncer la stigmatisation des homosexuels. Le deuxième journal gay, GI, sera aussi catégorique sous la plume de son directeur David Girard en décembre 1984 : "Il est clair que nous subissons, à l'heure actuelle une belle campagne d'intoxication. Que la maladie existe, c'est évident. Qu'elle soit terrible, c'est tout aussi évident. Mais elle n'est pas plus terrible que l'infarctus ou que le cancer du foie. Et surtout, on voudrait nous faire gober qu'il s'agit d'une maladie spécifiquement pédé, ce qui est une imposture." "Sachez dire MERDE au Sida et à ceux qui ont intérêt à trop en parler. Vous m'avez compris docteur ?". David Girard sera l'une des nombreuses victimes du Sida quelques années plus tard. Seul le journal Samouraï traitera le sujet de manière factuelle, précise, sans exaltation, tout en dénonçant les interprétations prétextes à toutes les homophobies.


La multiplication des décès va non seulement décapiter la plupart des associations gay mais aussi leur enlever toute légitimité devant leur dénégation de cette maladie. Ce sont les associations de lutte contre le Sida qui vont prendre le relais associatif et mettre le doigt sur les nouvelles discriminations que la maladie met au grand jour. Les discriminations face à la mort de son compagnon et la solitude des malades du Sida dont la famille apprend souvent leur homosexualité en même temps que leur maladie vont devenir des préoccupations. On va s'apercevoir que les couples homosexuels, même s'ils sont anciens, n'ont aucune légitimité vis-à-vis de la loi mais aussi de l'administration hospitalière ou sociale. On va s'apercevoir que le partenaire d'un malade du Sida n'a aucun droit de visite à l'hôpital, aucun droit d'information sur la maladie de son conjoint, et en cas de décès, aucun droit non seulement sur les biens de son compagnon décédé mais aussi sur les biens acquis en commun. Des familles qui ignoraient l'homosexualité de leur fils et donc l'existence de son compagnon vont simplement l'expulser de l'appartement commun et lui refuser le droit à un deuil bien légitime.
1989 AidesLe Sida va aussi avoir des conséquences négatives sur la vitalité du secteur commercial homosexuel. Les ouvertures très nombreuses d'établissements gay, tant à Paris qu'en province au début des années 80, vont se ralentir sérieusement. L'heure n'est plus à la fête et à l'insouciance. De nombreuses discothèques vont fermer leurs portes et certaines villes de région n'auront plus un seul établissement gay. Le phénomène des backrooms, apparu à la fin des années 70, va aussi être remis en cause. Les cruising bars qui ne vont pas fermer leurs portes vont prendre conscience, lorsque les modes de transmissions seront connus, en 1984, de leur rôle d'information et de promotion du safer sex. Les bars homos seront les premiers à distribuer des plaquettes d'information conçues par les associations de lutte contre le sida, mais aussi à mettre gratuitement des préservatifs à disposition de leurs clients. Cela ne se fera d'ailleurs pas sans difficultés car à l'époque, la distribution de préservatifs est simplement interdite et les bars qui s'y risquent peuvent faire l'objet d'une fermeture administrative. C'est une poignée de patrons de bars du Marais qui obtiendra du ministère de la santé l'autorisation de mettre des préservatifs en distribution libre ainsi que des flyers d'information. Leur mobilisation va permettre de toucher directement le "c½ur de cible" du Sida, les noctambules gay à partenaires multiples. Ces commerçants militants et responsables seront les fondateurs du premier syndicat des entreprises gaies en 1990 : le SNEG. 

L'Etat et le ministère de la santé vont tarder à communiquer sur la prévention puisque la publicité sur les préservatifs ne sera autorisée qu'en décembre 1986 et la loi votée le 27 janvier 1987 alors que l'on connait depuis plus de deux ans les modes de contamination du HIV. Ce n'est qu'en avril 1987 que la première campagne de prévention contre le Sida est lancée par le gouvernement avec le spot TV et l'affiche "le Sida, il ne passera pas par moi". En novembre 1988, Claude Evin décide de la création de l'Agence Française de Lutte contre le Sida (AFLS), de l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida (ANRS) et du Conseil National du Sida. La première campagne de l'AFLS en direction des homosexuels sera lancée en novembre 1989 : "J'aime les hommes qui aiment les hommes qui aiment le safer sex" et "Dans safer sex, il y a avant tout le mot sexe".

Paradoxalement, l'apparition du Sida, dont les militants homosexuels avaient craint qu'il ne soit exploité par les conservateurs pour les stigmatiser et les anéantir, va faire progresser les droits des homosexuels. Après la dépénalisation de l'homosexualité en 1982, suivie d'une démobilisation totale face à un fléau incontrôlable, la fin des années 80 va dessiner les chemins du militantisme des années 90 : Légalisation du couple homosexuel par un contrat de partenariat (PACS) puis par le mariage, nécessité de rendre son homosexualité visible pour la faire accepter des administrations mais aussi des familles (Coming Out), etc...

1987 1989
1987. Première campagne gouvernementale de prévention contre le Sida. 1989. Première campagne de l'AFLS en direction des homosexuels.





Les Médias

radios:: LES RADIOS LIBRES HOMOSEXUELLES.
Avec l'abolition du monopole d'Etat de la radio en France en 1981, les radios libres vont se multiplier à travers l'Hexagone. Contrairement à la radio du Service public ou aux radios périphériques qui n'abordaient que très rarement le sujet de l'homosexualité, les radios libres vont ouvrir leur micro à toutes les associations homosexuelles de Paris et de Province qui vont y disposer de créneaux horaires dédiés pour des émissions régulières en direction des homos (voir le détail pour chaque région dans les rubriques géographiques des années 80).
Mais la nouveauté va être l'apparition d'une radio totalement dédiée à l'homosexualité à Paris : Fréquence Gaie. Même si l'antériorité revient à la radio pirate de 1978, Radio Fil Rose, Fréquence Gaie va connaître rapidement un succès d'audience et marquer durablement le paysage audiovisuel français puisqu'elle deviendra FG et constituera un réseau privé international dans les années 2000.
Pour tout savoir sur l'histoire de Fréquence Gaie dans les années 80 : cf Histoire de Fréquence Gaie.
En région, certaines radios auront aussi une sensibilité gay à l'antenne au delà des émissions spécifiques qu'elles vont proposer comme Force 7 à Saint-Malo ou Fréquence 101 à Clermont-Ferrand.
Mais les radios libres, très nombreuses en 1981, vont se raréfier et se formater peu-à-peu au sein de nouveaux réseaux commerciaux. Le bénévolat va laisser place au professionnalisme et au milieu des années 80, le format musical va s'imposer au détriment des émissions communautaires. La cinquantaine d'émissions gaies qui ponctuaient les fréquences en 1981 ne seront que moins d'une dizaine à partir de 1985 et souvent réservées aux heures tardives de la nuit.


:: LA TELEMATIQUE
En 1984, l'ouverture du tarif kiosque sur minitel, le fameux 36-15, va révolutionner la drague homo. L'ancêtre français de l'internet, le minitel, dont les PTT ont équipé gratuitement chaque foyer français, va voir un développement non prévu se répandre. Chacun peut désormais s'en servir de manière interactive et dialoguer en direct avec d'autres utilisateurs. Il suffit de composer le 36-15 et de se connecter à un site de rencontre ou de dialogue pour pouvoir se fixer des rendez-vous mais aussi pour échanger dialogues et fantasmes. L'amour par téléphone de manière anonyme, qui avait déjà fait son apparition depuis quelques années, va être complété par l'amour par minitel, tout aussi anonyme, car protégé par des pseudos. Dans une période où les rapports sexuels deviennent dangereux en raison de la propagation du Sida, la technique va donc permettre l'invention de nouveaux jeux sexuels sans risque. Les messageries gay vont doper ce nouveau média, et certaines vont connaître la fortune car les connexions restent fortement tarifées à la minute (1 F de la minute soit près de 10 euros de l'heure).
C'est le groupe de David Girard qui va lancer les premiers serveurs gay, appelés minitels roses : il lance en 1985 "3615 Code Gay" puis "3615 code Graffiti". Le Journal Gai Pied Hebdo lance Gai Pied Rézo avec en juin 1985 "3615 Code GR" puis en janvier 1986 "3615 code GPH". Le minitel va préfigurer ce que sera l'internet 10 ans plus tard.

36-15 1985 Minitel Rose 36-15 Réseau



:: LA PRESSE ECRITE HOMOSEXUELLE DES ANNEES 80.
Les années 80 vont consacrer le titre emblématique de la presse homosexuelle "Gai Pied" qui devient hebdomadaire. Même si la censure va encore tenter quelques attaques contre la presse homosexuelle lorsque la droite reviendra au gouvernement, la gauche au pouvoir va faire preuve d'une grande tolérance envers elle. La presse de charme ou érotique va se débarrasser peu à peu des derniers tabous, mais c'est la concurrence de la vidéo qui va mettre fin à son expansion. Le seul tabou qui va se renforcer dans les années 80 est celui de la pédophilie. Le combat des pédophiles qui avait émergé en même temps que celui des homosexuels et qui avait d'ailleurs connu une certaine bienveillance de la part des mouvements homosexuels des années 70, contribuant souvent à l'amalgame entre les deux, va être peu à peu rejeté par les médias homosexuels. Même Gai Pied qui, dans ses premiers numéros, avait laissé s'exprimer des auteurs de livres à sensibilité pédophile comme Gabriel Matzneff ou Tony Duvert, va prendre ses distances envers ce mouvement. Des journaux comme Gaie France, aux mains de l'extrême droite, et promouvant la pédophilie, vont être définitivement interdits. Les mouvements d'extrême gauche ou anarchistes dont le discours était souvent favorable à la pédophilie, vont être les seuls à résister contre la condamnation de ces pratiques sexuelles. Mais leur influence va peu à peu quitter le cercle du mouvement gay et leurs titres de presse homosexuels vont disparaître totalement dans la seconde moitié des années 80. Les homosexuels condamnant désormais les pédophiles vont enlever un sérieux argument aux homophobes et il va être difficile de condamner leurs revues au nom de la protection de la jeunesse. Les combats de la presse gaie des années 80 vont être justement la lutte contre l'homophobie.
Les années 80 voient aussi l'émergence d'une presse lesbienne. Après les quelques tentatives sans suite de la fin des années 70, c'est en 1982 que naît un titre qui sera une référence dans ce domaine : "Lesbia". Quelques autres titres comme "Vlasta" ou "Paroles de Lesbiennes féministes" auront moins de succès. 
Autre nouveauté en cette décennie 80, c'est la diffusion de journaux gratuits dans les lieux gais. Ce phénomène n'est rendu possible que par la multiplication des établissements gays qui sont à la fois les principaux annonceurs de ces journaux mais aussi leurs lieux de distribution. Si une couverture nationale n'est pas encore rentable, c'est essentiellement à Paris que ces journaux vont se développer à travers des titres comme 5/5 (Groupe David Girard) ou Illico (Groupe Jacky Fougeray). En région, quelques expériences sans suite vont être également tentées comme "Hep" en Alsace-Lorraine.


Gai Pied- Gai Pied :
Premier grand magazine homosexuel français de part sa diffusion et sa notoriété.  En 1982, il est vendu à 30 000 exemplaires chaque mois.
En novembre 1982, le journal passe d'une périodicité mensuelle à hebdomadaire et devient Gai Pied Hebdo (GPH). Plus de 40 000 exemplaires vont être vendus chaque semaine.  En juillet 1983, suite à un désaccord éditorial, son fondateur, Jean Le Bitoux, démissionne avec une grande partie de la rédaction. Jean Le Bitoux s'était surtout opposé au virage commercial de l'hebdomadaire et à la présence de plus en plus envahissante de la publicité. Gérard Vappereau va devenir Directeur de Publication, entouré de Franck Arnal et Hugo Marsan. Le journal devient plus "people" et propose désormais un cahier central avec des photos de charme. Il va aussi se lancer dans l'expérience de la télématique (3615 - code GPH) qui assurera une grande partie de son financement. En 1987, Charles Pasqua, ministre de l'intérieur menace Gai Pied Hebdo d'interdiction. La mobilisation des lecteurs et de certains politiques empêchera cette interdiction. Gai Pied va diversifier son activité : De 1987 à 1990 Gai Pied hebdo contrôle la radio Fréquence Gaie. Chaque année, il publie également un guide annuel des établissements gais. Il va lancer l'agence de voyage "Gai Pied Voyages" mais aussi "Gai Pied Boutique" et l'édition d'albums de photos.. L'expérience d'un journal gratuit "Paris Capitale" sera, elle, de courte durée.
La revue GPH cessera sa parution en octobre 1992.

Editions du Triangle Rose
45 rue Sedaine
Paris (11e)
Homophonie- Homophonies :
Cette publication est lancée en novembre 1980. D'abord simple bulletin de liaison des groupes et sympathisants du CUARH, il va se transformer peu à peu en revue d'actualité gay. Ses objectifs sont très militants : son premier combat en 1980 est l'abrogation de l'article 331, alinéa 2 (discrimination homo-hétéro dans les rapports sexuels) qui sera effective en 1982. A partir de mai 1982 Homophonie est vendu en kiosque à Paris puis sur toute la France à partir de février 1983. Il s'adresse aussi bien aux gays qu'aux lesbiennes. En décembre 1986, suite à des difficultés financières, le dernier numéro d'Homophonie est publié. Il est remplacé quelque temps par "la Lettre des Homosexualités" qui s'arrête à son tour en février 1987.

CUARH Publications
1 rue Keller
Paris (11e)
Masques- Masques :
Masques, la revue des Homosexualités, nait en mai 1979. C'est un trimestriel culturel et de réflexion pour gays et lesbiennes. De nombreux textes littéraires et des articles sur la littérature, l'histoire ou le cinéma constituent sa trame.
Ses rédacteurs sont des militants et d'ex militants de la Ligue Communiste Révolutionnaire.
La revue Masques cessera sa parution en septembre 1986.

Directeur :
Jean-Pierre Joeker

c/o librairie Anima
3 rue Ravignon
Paris (18e)
GI- GI International :
Revue lancée par David Girard début 1984, GI est un mensuel d'une centaine de page avec des reportages culturels, touristiques, de nombreux articles sur la vie nocturne, l'agenda des sorties. La publicité y est omni présente, en particulier pour les établissements du groupe David Girard dont le magazine est le premier support de promotion. Un encart central avec des photos de charme complète cette revue qui va connaître un beau succès.

Editions David Girard
21 rue de la Chapelle
Paris 18e
Gay Infos- Gay Infos
Ce mensuel est lancé par David Girard en 1988. Beaucoup d'actu sous forme de brèves, des guides touristiques avec carnet d'adresses, des récits, des conseils santé-beauté, l'agenda culturel et des sorties et des petites annonces.

Editions David Girard
21 rue de la Chapelle
Paris 18e
Magazine- Magazine :
Trimestriel publiée par Didier Lestrade et Michel Bigot - Misti - (fondateur de Gaie Presse) entre 1980 et 1987. Ce très beau magazine qui pouvait proposer 200 pages d'informations et de photos a publié pas moins de 90 interviews, de nombreux articles sur la culture gay, des nouvelles érotiques et des photos. Un témoin incontournable des années 80. Le numéro 10/11 sera son dernier numéro.
Didier Lestrade lancera en 1995 le magazine Têtu.
Samourai- Samouraï International (1982-1984),
- Samouraï
(1984-1986), Mensuel vendu en kiosque lancé par Jacky Fougeray en novembre 1982.
Jacky Fougeray s'entoure d'autres dissidents, comme lui, du journal Gai Pied : René de Ceccatty, Gilles Barbedette.
De l'info, de l'actu, un agenda des sorties, des reportages, des petites annonces. Il est assez proche de Gai Pied sur le fond, quoique plus à droite, mais une présentation plus luxueuse.
C'est cette équipe qui lance aussi le journal gratuit Illico.
Directeur de Publication : P.F. Augereau
New Samouraï- New Samouraï  :
Succède en 1987 à Samouraï avec une nouvelle équipe, un nouveau contenu et une nouvelle présentation plus sobre en noir et blanc et en papier journal. Le rédactionnel ne traite plus l'actualité et les reportages mais s'oriente d'avantage sur la mode, les peoples et les photos de charme.
Directeur de Publication : Claude Petit.
Le magazine est désormais édité à Marseille - 2 allée Saroman
avec un bureau à Paris au 57 rue d'Avron - 20ème.
Hommes-  Hommes
Magazines de photos des Editions San qui succéde à Nous les Hommes.

Editions SAN
35 rue de Clignancourt
Paris (18e)
Off-  Off
Magazine de photos avec des articles sur le spectacle. Cette revue a été lancée en 1979 par Pierre Guénin en remplacement de la revue "In" qui avait été interdite d'affichage.

Editions SAN
(Sport, Art, Nature)
35 rue de Clignancourt
Paris (18e)
Jean-Paul-  Jean-Paul
Magazine de photos de charme lancé également en 1979 par Pierre Guénin.

Editions SAN
(Sport, Art, Nature)
35 rue de Clignancourt
Paris (18e)

Lesbia- Lesbia Magazine
Le premier mensuel lesbien français est lancé en novembre 1982 à l'initiative de Catherine Marjollet et Christiane Jouve. Le premier nom est "Lesbia". Poèmes, petites annonces, informations et articles sur la vie associative, portraits de femmes constituent la trame de la revue.
A partir de février 1985, elle est distribuée par les NMPP et donc disponible en kiosques. En 1989, "Lesbia" devient "Lesbia Magazine".
David & Jonathan- David & Jonathan :
Le Bulletin de liaison du mouvement "Christianisme et Homophilie", "David & Jonathan" va donner son nom au mouvement en 1983. Sa présentation est toujours aussi pauvre à part de temps en temps une couverture sur papier de couleur et quelques dessins bien sages. Après l'arrêt de la revue Arcadie, "David & Jonathan" sera le seul journal à aborder le sujet de l'homosexualité sous un angle conventionnel dénué de tout érotisme.
Arcadie- Arcadie :
La revue Arcadie va cesser sa parution suite à la dissolution du Club Arcadie de André Baudry. Le dernier numéro de la plus ancienne revue homosexuelle française (fondée en 1954) paraît en juin 1982. 342 numéros ont été publiés.
Ilia- ILIA
Ce mensuel est celui du Centre du Christ Libérateur. Il s'adresse depuis 1976 aux homos, lesbiennes, transsexuels, travestis, sados-masochistes, pédophiles, bi-sexuels...
5/5- 5 sur 5 :
Journal gratuit lancé par David Girard. Il paraît de juin 1983 à 1985 et il est en distribution dans tous les lieux gais parisiens.
Illico- Illico :
Journal gratuit lancé par Jacky Fougeray en mars 1988. Il est distribué dans tous les lieux gais parisiens. Le dernier numéro papier sera publié en juin 2007 (n°174). Depuis, seul le site e-llico assure la continuité.
G Magazine- G Magazine :
Cette revue propose quelques articles au milieu de nombreuses photos érotiques.
Le premier numéro paraît en 1979.
Directeur de Publication :
B. Naboudet

Editions :
Silver Taurus Productions
18 avenue Parmentier
Paris (11e)
Gay Men- Gay Men :
Revue de Charme. Nu intégral.
Directeur de la Publication : M. Claude

Editions :
Silver Taurus Productions
18 avenue Parmentier
Paris (11e)
Philippe- Philippe Gay Magazine :
Magazine de charme avec des indiscrétions sur les peoples, une rubrique livres gay et beaucoup de photos de garçons nus. Un double poster couleur en encart central.
Comme toutes les revues des éditions Taurus, il promeut les produits de la maison : livres de photos, cassettes vidéo, etc...
Directeur de Publication :
M. Noth


Editions :
Silver Taurus Productions
18 avenue Parmentier
Paris (11e)
New Man- New Men of Philippe Magazine :
Autre variante de la presse des Editions Taurus Production. Des photos de garçons nus, des petites annonces.
Directeur de Publication :
M. Noth

Editions :
Silver Taurus Productions
18 avenue Parmentier
Paris (11e)
Gaie Présence- Gaie Présence :
Fanziine dactylographié lancé au milieu des années 80. Des récits et des textes envoyés par les lecteurs.

Directeur de Publication : Monot
Paris 12e
Gaie France- Gaie France :
Michel Caignet lance ce magazine en novembre 1986. Il est le seul journal gay d'extrême droite et sera contesté par le mouvement homosexuel. En 1987, il tente de participer à l'Université d'Eté Homosexuelle de Marseille qui rassemble chaque année les associations homos de France. Les autres associations vont le rejeter après de violents débats. C'est à cette occasion que sera constituée le CHLAF (Comité Homosexuel et Lesbien Anti Fasciste). En 1992, Gaie France sera interdit de vente aux mineurs et accusé d'incitation à la pédophilie. Il est vrai que l'amalgame sera continuellement entretenu par cette revue. Il cessera sa parution en 1993.

Editions de la Flamme Paienne (EFP)
Courbevoie (92)
Cahiers Gay Kitsch Camp- Cahiers Gay Kitsch Camp :
Revue d'histoire des sensibilités gaies lancée à Lille en 1989 par Patrick Cardon.
Mythilène- Mytilène
Trimestriel lesbien lancée à la fin des années 80.

Dir. Publication :
F. Ducassou
Rédaction :
Noëlle Tournaire
Androzine- Androzine
Le Fanzine Rose Fluo
Un fanzine en noir et blanc réalisé de manière artisanale avec des découpages. Des rubriques sur la musique, la BD, les graffitis, l'art.
Seule note de couleur : Un bombage rose fluo sur toutes les unes.
Mec Magazine- Mec Magazine
Ce journal est lancé en 1988 par Jean Le Bitoux et Audrey Coz, tous les deux anciens de Gai Pied. Jean Le Bitoux y est officiellement éditorialiste. Il propose de nombreux articles de fond, des reportages, des guides de bonnes adresses à Paris comme en région, l'actualité des arts et spectacles dans un style assez proche de Gai Pied Hebdo. Mec Magazine ne bénéficiera d'aucun soutien médiatique et ne dépassera pas les 6 numéros.
Directeur de Publication :
Jean-Marc Marchal
Rédacteur en Chef : 
Jean-François Bernard
Adonis- Adonis
Magazine de charme

Edition :
Atlantic Presse Edition
Directeur de Publication : L. Sigoignet
Progils- Profils
Revue lancée en 1984 par Jean Le Bitou, le fondateur démissionnaire de Gai Pied. Malgré des articles de Jean Baudrillard, Nicolas Bréhal, Dominique Fernandez, Yves Navarre, Juan Pineiro ou Claude Olievenstein, la revue n'aura que deux numéros et déposera son bilan avec un lourd passif. C'est à Profils que débuteront de jeunes journalistes comme Christine Bravo et Christophe Martet.
Vlasta- Vlasta, Utopie amazonienne :
Le premier numéro de Vlasta paraît le 22 mars 1983, à l'initiative de lesbiennes radicales et dissidentes de la revue Masques. Vlasta cessera sa parution en 1985.
Pour information, Vlasta était une héroïne légendaire de Bohème qui rappelle la fable antique des amazones.


Editrice :
Suzette Triton.
- Gaity (1986)
Petite revue avec des récits de voyage.

Editions GNG, Staff Agence Editionale
134 rue Saint Denis
Paris (2e)



- Gay World Tribune (1986)
Editions Point Médias
16 avenue Foch
Pars (16e)
Cli 007- CLIT 007  (1981-1986)
Centre Femmes,
5 bld St Georges
1205 Genève

Concentré lesbien irrésistiblement toxique.

Ce journal lesbien édité à Genève est largement diffusé en France au début des années 80.
5 ans de parution, 22 numéros
Culbute- Culbute
Le n°1 de cette revue paraît en mars 1986. Ce bimestriel comporte 8 pages en noir et blanc, ciblées sur les homos cuirs. De nombrueses pubs pour les bars parisiens et quelques articles.
Directeur de publication :
Gérard Maison
- Autres revues et fanzines dans les années 80 :
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:: SUBCULTURE ET COMMERCE GAIS.

La fin des années 70 avaient vu apparaître dans les arts et dans les médias quelques images jugées provocantes (cf Polnareff et YSL), mais dans lesquelles l'homo-érotisme était très présent. Ce phénomène va s'amplifier dans les années 80. Le corps masculin est de moins en moins tabou. La publicité, qui est un bon baromètre des m½urs d'une époque, va le mettre en scène. Même si l'on fait semblant de viser le public féminin en montrant des corps dénudés de garçons, les homos ne sont pas dupes et décryptent parfaitement le message qui leur est adressé. Les premiers secteurs d'activité qui vont jouer avec l'érotisme homosexuel seront la mode et les parfums. On est encore dans le domaine de la suggestion et du clin d'½il et la référence à l'homosexualité n'est jamais explicite. L'homosexuel devient une cible marketing. Son pouvoir d'achat, sa sur-consommation de loisirs, de vêtements, de produits d'hygiène et de beauté en font un consommateur intéressant. Les grandes marques l'ont bien compris, mais elles n'ont pas encore l'audace de communiquer dans la presse gay, ce qui risquerait encore de les mettre en péril vis-à-vis du grand public. Gai Pied Hebdo n'a que des annonceurs communautaires (bars, restaus, gel lubrifiant...). Avec l'explosion des établissements gay dans le Marais à Paris, c'est aussi le pouvoir d'achat des homos qui est pris en compte et qui developpe un marché à part entière (voir l'archive vidéo de l'INA de 1986 sur le Gay Bizness). Ce marché basé essentiellement sur la vie nocturne sera spécifiquement parisien même s'il existe aussi des entreprises gaies puissantes dans quelques villes de province (Toulouse, Lyon, Nice, Nantes...)
Sweetman Antaeus


Publicité des années 80 pour des maillots de bain et une eau de toilette.
Sweetman et Antaeus
En revanche, l'homophobie est encore bien présente dans la société des années 80 et lorsque le couple homo est mis en scène pour le grand public et lorsque la référence à l'homosexualité est explicite, c'est toujours sous le stéréotype de folles flamboyantes. Entre ces deux tendances, l'une héritée d'un passé lorsque l'homosexuel était un être méprisable, et celle de l'avenir, où il devient un citoyen estimable comme les autres, qui paie ses impôts, qui vote et qui consomme... la société des années 80 progressivement va faire son choix.




:: LA MODE ET LES GAIS.

Depuis toujours les homosexuels ont été à la pointe de la mode et ont lancé les grandes tendances vestimentaires. Déjà à la cour d'Henri III, ce sont les mignons du roi qui ont lancé la mode des fraises autour du cou. Après les zazous des années 40, les minets des années 60, apparaissent les kikis des années 80. Cette mode sera adoptée par les jeunes hétéros de banlieue dans les années 2000. A quoi reconnaît-on un kiki ? Cheveux ras avec une "houpette" à la Tintin, barbe de 3 jours, des vieux jeans râpés ou déchirés et très larges, alors que l'homo des années 70 le portait très serré avec "poutre apparente", casquette de baseball avec visière rabattue sur le cou, Doc Martens aux pieds. En fonction de ses goûts il porte aussi toute une gamme d'accessoires qui peuvent aller du porte clef à la paire de menottes accrochées à la ceinture, au foulard qui dépasse de la poche arrière... Le kiki fréquente les Gay Tea Dance du Palace et les restaus branchés des Halles. Mais on le trouve aussi en région, du Blue Boy à Nice, du Privé à Metz, à la Petite Taverne à Lyon en passant par le Batchi à Rennes.
A coté des petits kikis, une autre tendance des années 80 est initiée par Jean-Paul Gaultier. En 1983, il lance la collection "Boy Toy" qui joue largement avec les codes. L'homme porte la jupe ou la marinière près du corps qui va devenir le symbole du couturier. Le style marin, éternel fantasme gay, va lui aussi se déverser dans tous les lieux branchés de France.
Enfin, venu des Etats-Unis via la Hollande et l'Allemagne, le clone cuir est destiné à une clientèle plus virile et plus mure. Fréquent dans les boites gay SM des Etats-Unis dès les années 60, il ne s'imposera jamais totalement en France et restera réservé à une clientèle qui fréquente les cruising bars parisiens. En dehors de Marseille qui possède une association cuir et plusieurs bars dans cette mouvance, le cuir sera peu porté par les gays en région en raison de son manque de discrétion et de sa trop forte affinité avec le milieu gay SM. Quelques boutiques spécialisées apparaîtront dans les années 80 dans le Marais à Paris et à Marseille. Mais le look cuir dépassera les modes puisque, à quelques nuances près, on le retrouvera encore 30 ans plus tard dans les mêmes endroits.
D'une manière générale, ces modes gay des années 80, à part peut-être le look androgyne de certaines collections de Jean-Paul Gaultier, vont glorifier le corps musclé, viril et bien entretenu. Les salles de musculation, les gym-clubs vont commencer, dans les années 80, à avoir une clientèle gay importante et même parfois exclusive dans certains établissements parisiens. L'homosexuel efféminé et précieux des années 60 et 70 n'est plus à la mode dans le milieu gay, en particulier à Paris. Désormais, le gay a le cheveu ras, le visage mal rasé, les muscles saillants... mais il continue quand même à avoir le c½ur tendre.



kiki Marin Cuir
Le look Kiki dans les années 80. Le marin de Jean-Paul Gaultier. Le cuir



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RESSOURCES EXTERIEURES
Les années 80
:: Sources :
- Didier Eribon, Dictionnaire des Cultures Gays et Lesbiennes, Larousse, 2003
- Collectif, Dictionnaire de l'Homophobie, Puf, 2003
- Le Crapouillot n°82, Les Travestis.
- Jean-Louis CHARDANS, British group of sexological research, History and antology of homosexuality, histoire et anthologie de l'homosexualité, Centre d'Etudes et de Documentations Pédagogiques Paris, 1970
- Le Crapouillot n°12 - Les Pédérastes - août-sept 1970

Christopher Miles, Arcadie, ou l'impossible Eden , La Revue h, n° 1, 1996.
- Georges Sidéris, Des folles de Saint-Germain-des-prés au fléau social, in E. Benbassa et J.-C. Attias, La Haine de soi, Bruxelles, Complexe, 2000.
- Jacques Girard, Le Mouvement homosexuel en France, 1945-1981, Syros, 1981.
- Julian Jackson, Arcadie : La vie Homosexuelle en France, de l'après-guerre à la dépénalisation, Ed. Autrement, Paris, 2009.
- Jeffrey Merrick, Michael Sibalis, Homosexuality in French History and Culture, Editors.
- Scott Gunther, The Elastic Closet:  A History of Homosexualitiy in France - Palgrave, Janvier 2009
- Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, les Homosexuels en France depuis 1968, Le Seuil, 1996
- Archives des publications homosexuelles, Centre LGBT Paris Ile-de-France.
- Archives Jean-Michel Rousseau




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